La nouvelle
Il sentait bon… est en ligne sur le site du concours de nouvelles du Prix littéraire Ecrire au Féminin 2015
Si vous aimez, n’hésitez pas à voter et partager jusqu’au 31 août 2015.
« Je m’appelle Sarah. Mes parents disent que je suis douce, calme. Mes professeurs disent que je passe presque inaperçue. C’est vrai que je ne me mets jamais en avant, la gloire ne m’intéresse pas. Par contre, j’essaie toujours de faire en sorte que les autres se sentent bien et soient heureux. Certains disent que je me sacrifie toujours pour les autres. Je ne sais pas. En tous les cas, je ne ferais pas de mal à une mouche et je l’avoue, j’ai peur de tout. Je déteste les conflits, j’aime que tout soit lisse, que rien ne fasse de vague. J’ai tendance à me faire avoir, c’est vrai. Je suis un peu la bonne poire de service. J’en ai conscience, mais je suis comme ça. Je n’ai qu’une seule amie, Mélissa. Elle, elle m’apprécie pour celle que je suis, pas pour profiter de moi, elle aime passer du temps avec moi. Elle dit que je l’apaise… même si en ce moment, elle me trouve un peu bizarre. Elle est même inquiète pour moi, elle me l’a dit. Elle demande d’où viennent les traces de coups que je porte, et les morsures sur mes avant-bras. Qu’est-ce que j’en sais moi ? Je me lève le matin avec ces traces, je ne sais pas d’où elles viennent. Mélissa me dit aussi que mes cernes creusent mon visage et elle trouve que je maigris à vue d’oeil. Je lui répète inlassablement que je vais bien et que ces traces de coup ne sont sans doute pas là par hasard, que je les mérite car c’est en supportant brimades, injures et coups, que je parviendrai à m’endurcir, que je deviendrai plus forte pour affronter l’autre.
Justement, l’autre, moi, je la préfère. L’autre, c’est Suzie. Suzie est redoutable, frondeuse. Elle se fiche des conventions, du qu’en dira-t-on. Suzie est belle, sa confiance en elle la rend farouche. Suzie est regardée avec admiration, parce qu’elle, elle ose. C’est une aventurière, prête à tout pour atteindre ses objectifs. La souffrance qu’elle peut causer sur son passage ne l’atteint pas. Certains la disent dingue. Elle a surtout compris comment le monde d’aujourd’hui fonctionne. C’est chacun pour soi, tant pis pour ceux qu’elle écrase sur son passage, leur faiblesse les vouait de toute façon à une fin prématurée. Suzie n’aime pas Mélissa. Elle la trouve gnan-gnan et bien trop curieuse. Je crois qu’elle m’aime bien, en tous les cas, elle passe de plus en plus de temps avec moi. Elle me parle, elle me guide. Je l’admire et en même temps, je la crains, je la redoute. Elle est toujours là à m’épier. J’ai de plus en plus l’impression qu’un danger me guette, mais en même temps, je me dis que si Suzie est là, elle pourra me protéger. Je sais de quoi est capable Suzie, je sais que Suzie n’a qu’un but, prendre le pouvoir en éliminant les faibles.
Mélissa était arrivée juste au moment où je faisais craquer les ailes de l’oiseau que j’avais capturé.
Elle a crié. « Sarah, lâche-le, mais qu’est-ce qui te prend à la fin, tu n’es plus toi même ! »
Je me suis tournée vers elle : « Je ne suis pas Sarah, je suis Suzie ».«
Juillet 2015
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